LES ETATS DU MOI

1. Définition des Etats du Moi

Eric BERNE définissait un Etat du Moi : “Comme un ensemble cohérent de pensées et de sentiments directement associé à un ensemble correspondant de comportements”.
“Analyse Transactionnelle et Psychothérapie” - Payot - P. 15 et 34.


Fig. 1 : Diagramme structural de premier ordre : le modèle des éEats du Moi




2. Reconnaissance et diagnostic des Etats du Moi

a. Les Etats du Moi, et l’origine freudienne

Sigmund Freud a proposé un schéma en trois parties : “trois agences psychiques”, c’est-à-dire, le Surmoi, le Moi et le Ca.
Le Parent, l’Adulte et l’Enfant englobent chacun des influences émanant du Surmoi, du Moi et du Ca. Berne a montré que quelqu’un dans le Parent va reproduire le “comportement global de son père ou de sa mère, y compris ses inhibitions, son raisonnement et ses pulsions”. De la même manière, les états du Moi Adulte et Enfant comportent leurs propres inhibitions, raisonnements et pulsions.
Le modèle de Freud et le diagramme des états du moi ne se superposent pas et ne sont pas la même chose, mais ils ne se contredisent pas non plus ; ce sont simplement deux manières différentes de présenter la personnalité.
 

b. Le modèle ultra-simplifié

Victime de son succès, l’A.T. a été dépouillée de certaines idées originales de BERNE. Ce modèle ultra-simplifié omet complètement de mentionner qu’une personne peut penser et ressentir et porter des jugements de valeur à partir de n’importe lequel de ses états de Moi. D’autre part, les états du Moi ont une dimension temporelle. Dans l’Enfant on reproduit des comportements, des pensées et des sentiments de notre propre enfance. Quand on est dans les Parents, on s’engage dans des comportements, des pensées et des sentiments copiés dans le passé. C’est seulement dans l’Adulte que l’on réagit aux situations avec toutes ses ressources actuelles de grande personne.
 

c. Modèle structural du second ordre

La fonction structurale des Etats du Moi permet de parler du “quoi”, c’est-à-dire du contenu.
Le modèle structural explique avec l’A.T. ce que la psychanalyse a expliqué quand elle parle de stades de développement. Cette partie cachée et archaïque est donc accessible pour le praticien de l’A.T. qui utilise le diagramme structural de second ordre pour comprendre une personnalité et son histoire.
 



Fig. 2 : Diagramme structural de second ordre




3. Descriptions comportementales (c.à.d. Parent Critique, Parent Nourricier, Adulte, Enfant Libre, Enfant Adapté)

Alors que l’Analyse structurale parle du contenu, l’Analyse fonctionnelle permet de comprendre ce qui se passe et de voir ce qui est montré. On parle ici de processus.
 



Fig. 3 : Analyse fonctionnelle des états du moi ( ou fonction des comportements)

Prix Eric Berne 1973: john DUSSAY - Les Egogrammes
 

4. Contamination et exclusion

Il arrive que le contenu de deux états du Moi se mélangent ou se superposent, ou bien qu’une personne ait du mal à entrer ou sortir d’un état du Moi donné.
Eric BERNE a donné un nom à ces deux problèmes : la contamination et l’exclusion, qui toutes deux s’inscrivent dans la rubrique de la pathologie structurale.
 

a. Contamination

Contamination par le Parent :

PREJUGES

Contamination de l’Adulte qui confond des informations venant du Parent ou des données anciennes présentées comme des faits véritables.
“Tous les Ecossais sont avares.”
“Les Noirs sont paresseux.”
“Les Blancs vous exploitent.”
“Le monde est un endroit abominable.”
“On ne peut pas faire confiance aux gens.”
“Si tu ne réussis pas du premier coup, fais des efforts, essaie encore !.”

Contamination par l’Enfant :

ILLUSION

L’Adulte est contaminé par l’Enfant quand on utilise d’anciennes expé-riences, non identifiées comme telles, pour appréhender la réalité présente. (Délire, phobie, superstition, grandiosité).

“Je ne suis pas bon en orthographe/maths/langues.”
“Les gens ne m’aiment pas.”
“J’ai quelque chose qui ne va pas.”
“Je suis né(e) gros(se).”
“Je ne peux pas m’arrêter de fumer.”

Double contamination :

La double contamination est la plus fréquente.
(P) “On ne peut pas faire confiance aux gens” couplé avec :
(E) “Je ne peux faire confiance à personne”, ou bien :
(P) “Les enfants doivent se faire oublier”, couplé avec :
(E) “Pour m’en sortir dans la vie, il faut que je me tienne tranquille.”, ou bien
(P) (E) “Je ne suis pas capable d’enseigner, mon père me l’a toujours dit, et puis d’abord j’ai peur quand j’arrive en classe”.
 

b. Exclusion
Quelquefois, selon BERNE, une personne “enferme” un ou plusieurs de ces états du Moi, il appelle cela l’exclusion.

L’exclusion n’est jamais totale, en revanche elle est particulière à certaines situations précises. (Voir document et schémas annexes).
 

LES TRANSACTIONS

a. Définition d’une transaction
Une transaction est un stimulus transactionnel plus une réponse tran-sactionnelle.
BERNE disait qu’une transaction est “l’unité de base du discours social”.
Nous échangeons avec tous nos états du Moi b. Types de transactions
Il y a trois types de transactions :
 
1. Les transactions complémentaires
Définition : Une transaction complémentaire est une transaction dans laquelle les vecteurs transactionnels sont parallèles et où l’état du Moi visé est celui qui répond.
2. Les transactions croisées
Définition : Une transaction croisée est une transaction dans laquelle les vecteurs ne sont plus parallèles et dans laquelle l’état du Moi visé n’est pas celui qui répond.
3. Les transactions cachées
Définition : Dans une transaction cachée (ou à double fond), deux messages sont émis en même temps. L’un deux est un message ouvert, de niveau social. Le deuxième est un message caché de niveau psychologique.
c. Règles de communication
 
1ère règle
Tant que les transactions demeurent complémentaires, la communication peut continuer indéfiniment
Transaction croisée
2ème règle
Quand une transaction est croisée, il en résulte une rupture de la communication, et il sera nécessaire que l’un des deux, ou que les deux individus changent d’état du Moi et recroisent la transaction, pour que la communication soit restaurée.
Transaction cachée
3ème règle
Le comportement qui résulte d’un comportement caché est déterminé au niveau psychologique et non au niveau social. C’est le niveau psychologique qui indique la nature de la relation entre deux individus.